Mise à jour en novembre 2023

Depuis le début du programme de recherche, un travail important de commande, de préparation et d'installation du matériel a été réalisé afin de mettre en place les 37 appareils photos nécessaires au suivi de la majorité des passages qui pourraient permettre le franchissement de l'A34 par les animaux.

Malgré le soin apporté à la sécurisation des appareils, 5 d'entre eux ont été volés. D'autre part, 4 appareils sont hors service après avoir subi la montée des eaux provoquée par les fortes précipitations de juillet et décembre 2021.

Le travail en amont de la pose des appareils photographiques sur le canal a été le même que pour la pose sur les ouvrages de l'autoroute. 20 appareils photos ont donc été installés sur 20 ponts situés entre les communes de Pont-à-bar et Biermes.

Le suivi photographique des ouvrages de l'autoroute a débuté en avril 2021 et s'est achevé en mai 2022 avec un nombre de photos s'élevant à 1 073 930 pour 32 ouvrages d'art suivis (viaduc, ponts, ponts-cadre et buses). La totalité des clichés obtenus a été visionnée.

La saisie des photos a permis d'observer 22 125 passages d'individus issus de 19 espèces de mammifères terrestres. Toutefois, il faut noter qu'un nombre de passages élevé pour une espèce dans un ouvrage donné peut être causé par un nombre important d'aller-retour d'un même individu dans l'ouvrage.

D’après le relevé du nombre d’espèces observées dans chaque ouvrage suivi (ou richesse spécifique de l’ouvrage), sept ouvrages sont utilisés par au moins dix espèces de mammifères pour traverser l’autoroute (figure 5). Tous sont des ouvrages inférieurs, répartis de La Francheville à Faissault, parmi lesquels figurent une buse métallique et six ponts-cadre dont l’usage diffère : hydraulique, voie de circulation primaire (ligne de chemin de fer) ou encore voie de circulation secondaire (chemin agricole). A l’inverse, cinq ouvrages sont empruntés par cinq espèces ou moins (figure 5). Ce faible nombre peut s’expliquer par le fait que ces ouvrages sont, pour quatre d’entre eux, de petites buses en béton de moins d’1m20, souvent inondés l’hiver. Le cinquième ouvrage est un pont-cadre étroit, proche d’une zone urbaine et régulièrement emprunté par des véhicules et des promeneurs.

En considérant uniquement nos quatre espèces modèles, 27 ouvrages ont été empruntés par au moins un individu d'une de ces espèces. Cependant, les cerfs et les sangliers traversent l'autoroute en des points précis : via deux ouvrages (un pont et un pont-cadre) au sein de l'un des continuums forestiers pour les premiers, et uniquement au nord de la zone d'étude pour les seconds. Les chevreuils et les martres, quant à eux, utilisent de multiples ouvrages de nature et d'usage différents le long de l'autoroute. 

En effectuant un parallèle avec les résultats obtenus dans le volet génétique, nous nous apercevons que ces résultats sont cohérents avec le fait qu'il y ait rupture génétique entre les populations situées de part et d'autre de l'autoroute. Les cerfs et les sangliers semblent exigeants dans le choix des ouvrages de franchissement. Les déplacements de part et d'autre de l'infrastructure routière sont alors limités, diminuant ainsi les échanges de gènes.

Ce parallèle est également vrai pour le chevreuil, mais à l'inverse, les résultats montrent que les déplacements de part et d'autre de l'autoroute sont plus fréquents assurant ainsi un flux de gènes suffisant pour éviter l'isolation reproductive des populations (diminuant le risque de consanguinité et augmentant la diversité génétique garantissant la survie à long terme de la population/espèce).

Le suivi photographique des ouvrages du canal a débuté en décembre 2022 et s'achèvera en décembre 2023. A ce jour, 1 532 462 photos ont déjà été enregistrées par l'ensemble de nos appareils. Le visionnage des photos débutera à la fin du suivi.